Gansu Sud - Langmusi
La petite ville de Langmusi se niche dans l'étroite vallée de la rivière du Dragon blanc. Celle-ci matérialise la frontière entre le Sichuan et le Gansu.
De part et d'autre de la ville, deux monastères Tibétains adossés à la montagne, le Kerti Gompa et le Serti Gompa.
Un petit trek à cheval de deux jours nous donne un petit aperçu de la vie difficile des nomades, notamment celle des femmes.
La route nous menant de Songpan à Langmusi monte dans une vallée étroite, puis atteint un col à plus de 3500 m d'altitude, nous nous trouvons alors sur un grand plateau où de nombreux troupeaux de yaks et moutons paissent, avec en arrière plan quelques chaînes de montagnes enneigées.
Avant notre arrêt à Ruo Er Gai (Zoïge), un camion de choux est renversé le long de la route. La route est droite, mais les chinois, en général, conduisent un peu comme des fous. Heureusement, rien de grave, pas de blessés apparemment, nous arrivons après l'accident.
Songpan, Ruo Er Gai (Zoïge), Langmusi
Trek de deux jours à cheval
Des randonneurs, selon le Lonely Planet et les responsables de l'agence Tibetan Horse Trekking, se sont déjà faits mordre par des chiens en liberté près des tentes des nomades. On nous recommande donc d'être accompagnés dans la région pour randonner. Mythe ou réalité pour faire travailler l'agence ??
Toujours est-il que, de ce fait, nous nous décidons pour une balade à cheval.
Pour débuter, un cours d'équitation ...
Les explications de cette jeune femme, l'une des responsables de Langmusi Tibetan Horse Trekking sont très claires et rassurantes pour nous qui sommes tout à fait novices.
Nous nous joignons à deux jeunes Néerlandais bien sympathiques pour cette balade. Un guide tibétain nous accompagne.
Nous remontons la rivière du dragon blanc quasiment jusquà sa source.
Nos chevaux sont bien dressés, et nous n'avons pas trop de mal à les guider. Il faut malgré tout être bien vigilant car, d'un moment à l'autre, ils s'arrêtent pour brouter, pour boire. Ils glissent, tout comme nous, dans les terrains boueux.
Ainsi, Jean-Yves a super bien géré une glissade de son cheval, tombé sur ses pattes antérieures !
Quant à mon jeune cheval, il a la fâcheuse habitude de s'approcher un peu trop des autres chevaux et du coup, je me retrouve parfois la jambe coincée entre deux flancs, ou bien je perds mes étriers, enfin rien de grave...
Pour faire avancer un cheval en terre Tibétaine, il faut dire "Heutch" (phonétiquement), ce n'est pas bien loin de notre "hue" français.
La vie des nomades
Le nomadisme est une particularité de la culture Tibétaine. La vie des nomades suit le rythme des saisons.
A chaque famille est attribuée (je ne pense pas qu'ils en soient propriétaires) au moins trois pâtures pour faire paître leurs troupeaux. En été, ils bougent tous les 40 à 50 jours pour changer de pâture. Ils utilisent les yaks pour transporter leur tente et leurs affaires.
Une famille de nomades nous accueille pour le déjeuner (à 15h...) et nous offre l' hospitalité pour la nuit dans leur tente.
Je vous présente la mère de famille, qui assure la préparation du repas et du service. Au menu, riz et pommes de terres, très bon, bien parfumé.
La tâche de surveillance des troupeaux
dans la journée et le rassemblement des bêtes le soir revient habituellement aux hommes. Mais l'un des hommes de la famille, probablement son mari, est actuellement bien fiévreux et malade. De ce fait, c'est la mère de famille qui va assurer cette tâche supplémentaire aujourd'hui.
Après le repas, nous partons, avec elle et de jeunes enfants, rassembler les yaks qui sont dispersés dans la montagne alentour.
Les enfants sont efficaces et ont de l'énergie à revendre...
Notre hôtesse utilise une sorte de fronde pour lancer des pierres vers les yaks qui ne bougent pas ou qui ne vont pas dans la bonne direction. C'est aussi une maîtresse femme en matière de rassemblement de troupeaux.
Habituellement, ils prennent peut-être les chiens avec eux, mais du fait de notre présence, les chiens sont restés attachés près de la tente.
Elle a bien du mal avec les jeunes yaks...
La traite
fait partie des nombreuses tâches quotidiennes des femmes.
- Au printemps, elles ne prennent que le lait laissé par les bébés yaks dans le pis de leur mère. Elles font la traite une fois par jour le matin, vers 6h ou 7h. Le lait des yaks est meilleur le matin.
- En été, elles font 2 traites par jour, l'une vers 4h du matin, l'autre vers 2h de l'après-midi.
- En hiver, il n'y a pas de traite, le lait des mères est destiné à leur petit
Ce sont aussi les femmes qui fabriquent le fameux beurre de yak, qui vont chercher l'eau à la rivière, lavent le linge etc... Elles travaillent toute la journée pendant que les hommes gardent les troupeaux ou vont s'installer dans un café à Langmusi !...
La collecte des bouses de yaks
Il est assez tôt, la brume est encore là. Les yaks ont quitté leur enclos, il es temps de ramasser les bouses et de les mettre à sécher.
Les bouses sont étalées au sol pour qu'elles sèchent au soleil. On en voit derrière la tente. Une fois sèches, elles sont rassemblées en tas et recouvertes d'un plastique.
Autrefois, les tentes étaient noires, faites en cuir et poils de yaks. Le cuir de yak est si solide qu'il peut être utilisé durant presque 20 ans. Normalement chaque famille utilise 3 différentes tailles de tente : avec 13, 17 ou 22 morceaux de cuirs. Certaines familles en ont de plus grandes encore. Par contre, je ne connais pas la dimension d'un morceau, probablement plus d'un mètre carré.
Maintenant, ils utilisent des matières plus légères, de type plastique mais probablement moins isolantes.
Les bouses sèches servent de combustible car il n'y a pas du tout de forêts dans les environs.
Ici, le jeune garçon de la famille en ramasse pour alimenter le feu.
Jean-Yves aide notre guide à préparer le petit déjeuner. Il coupe concombres et tomates sous la surveillance du jeune garçon de la famille.
Pour l'hiver, les familles quittent leur campement et vont s'installer dans de petites maisons construites en dur. Leur logement est bien précaire.
Les paysages sont un peu lunaires à cette époque. En été, certaines prairies sont couvertes de fleurs.
Je suis couverte d'un long manteau tibétain bien chaud. L'intérieur est en laine de mouton, et le dessus est fait d'une toile épaisse. C'est un manteau suffisamment large pour être croisé. Pour le fermer, on serre bien fort une jolie ceinture de couleur vive.
Avant d'arriver au terme de notre balade, nous nous arrêtons dans le petit village de Jikehe où nous sommes bien accueillis pour le déjeuner. La famille loge dans une maison bien propre, meublée de bois, avec le fourneau au centre de la pièce pour se chauffer et cuisiner. Notre guide vit aussi dans ce village.
Visite des monastères de Langmusi
A la nuit tombante, nous visitons le temple Kerti Gompa, côté Sichuan, sa construction remonte à 1413. Il abrite encore des moines. Le stupa de l'entrée est en travaux.
Une coutume Tibétaine étonnante : Cette personne lance des petits carrés de papier sur lesquels sont écrites des prières. Nous en avons trouvé quelques fois à l'occasion de nos balades.
Autant vous dire que cela laisse des traces dans la nature...
Les mani sont des pierres sur lesquelles sont gravées des prières bouddhistes.
Nous avons davantage de temps pour visiter le Serti Gompa, côté Gansu.
Des femmes d'un certain âge font le tour du Kora, c'est à dire le tour du monastère, incluant le tour des petits bâtiments abritant des moulins à prières.
Nous les retrouvons un peu plus haut sur un sentier un peu raide où elles se reposent.
Le bouddhisme a au moins cela de bon : Les rites relatifs à la prière se pratiquent beaucoup dehors et prier tout en marchant est fort bien pour la santé !
Ces bouliers servent à se souvenir du nombre de tours effectués, comme un chapelet.
Conseils pratiques
Transport
- De Songpan à Langmusi.
La station de bus longue distance se situe sur la rue Shunjiang Bei lu, environ 500 m depuis la porte Nord, côté droit de la rue, au-delà du restaurant et guest house Emma's kitchen. Station pas très visible, malgré tout il y a un abri de bus de ville devant, "Songzhou zhan" et un hôtel, pas très avenant, juste à côté "Traffic hotel".
Au guichet, il faut acheter un billet jusque Ruo Er Gai, billet (48 rmb) départ vers 10h, arrivée vers 13h. Puis à l'arrivée à la gare des bus de Ruo Er Gai, acheter un billet pour Langmusi (25 rmb). Départ à 14h30, arrivée à Langmusi vers 16h30. Il y a le temps et de de quoi se restaurer à Ruo Er Gai.
- De Langmusi à Xiahe via Hezuo. A cette époque de l'année, il y a un autocar partant juste devant l'agence "Langmusi Tibetan Horse Trekking" vers 14h/14h30. Le voyage dure environ 4h jusqu'à Hezuo. De Hezuo à Xiahe, encore 1h30 de route environ. Pause d'une demi-heure à la gare routière de Hezuo, ne nous laissant pas assez de temps pour visiter la pagode carrée. Dommage, mais nous avons la chance de passer devant en autocar, elle est imposante et d'une jolie couleur ocre. Le prix du billet jusqu'à Xiahe avoisine 60 rmb.
Hébergement
L'autocar en provenance de Ruo Er Gai (Zoïge) nous laisse près du monastère du Sichuan et de la mosquée, non loin du Langmusi Hôtel, fermé à cette époque. En descendant la rue, nous trouvons un hôtel faisant face au Yong Zhong hôtel, fermé lui aussi. Nous avons du chauffage et une salle de bain pour 200 rmb la nuit. Cela nous convient, mais ce n'est pas d'une propreté remarquable. Lorsque l'on a des doutes sur un hôtel, il vaut toujours mieux demander à visiter la chambre.
A côté de l'agence "Langmusi Tibetan Horse Trekking", il y a un hôtel qui semble très bien et en plus, ils louent des manteaux tibétains propres pour 15 rmb la journée.
Restaurant
L'agence "Langmusi Tibetan Horse Trekking" tient aussi un restaurant "Black Tent Cafe", à l'étage, très agréable. Ils servent, entre autres, un très bon yaourt local au lait de yak avec du miel et des noisettes râpées, un délice !
Agence "Langmusi Tibetan Horse Trekking"
Une agence très bien organisée. Nous contractons même une petite assurance au cas où...
Ils parlent très bien l'anglais.
L'agence nous donne un petit topo intéressant sur la vie des nomades ( extraits que j'ai traduits ci-dessus).
Nous payons 260 rmb par personne et par jour, pension complète avec cheval et guide.
En rentrant, nous avons fait grand plaisir à notre guide en lui donnant un pourboire.
Sur les 260 rmb, je trouverais intéressant de savoir quel montant est versé aux familles de nomades et au guide. Tourisme équitable ou pas ? En fait, nous n'avons pas pensé, ni osé poser la question de peur de les froisser.
Prochain rendez-vous : Xiahe, cité réputée pour son vaste monastère tibétain encore en activité.