Sichuan Ouest - Kangding ou Dartsedo
Kangding est aujourd'hui à la porte du Tibet mais, il y a un siècle à peine, elle s'appelait encore Darstedo et faisait partie du Kham tibétain.
Nichée dans une vallée, elle est entourée de montagnes dont, à une quarantaine de kilomètres à vol d'oiseau vers le Sud, le fabuleux Minya Konka culminant à 7556 m, le plus haut sommet du Tibet oriental.
Malgré la présence importante de chinois de culture Han, il règne à Kangding une certaine ambiance tibétaine dûe aux monastères, aux drapeaux de prières, aux danses du folklore local, aux personnes croisées dans leurs tenues vestimentaires bien particulières au Tibet.
Kangding ou Dartsedo à environ 330 km de Chengdu, Tagong plus au Nord. A mi-distance, l'aéroport de kangding à 4280m d'altitude. Au sud, le Minya Konka
Un peu de géographie
Kangding se situe à 2560 m d'altitude, au confluent des rivières Dar et Tse, d'où elle tire son nom en Tibétain, Dartsedo ou Dardo ou encore Dartsendo.
C'est une petite ville chinoise, car peuplée d'environ 110 000 habitants dans les années 2000.
Dans ces contrées reculées et fort montagneuses, il y a pourtant un aéroport depuis fin 2008, situé à mi-distance entre Kangding et Tagong. Son altitude est exceptionnelle : 4280 m ! C'est le troisième aéroport le plus haut au monde actuellement.
Sur la photo, la ville apparait plaisante et calme mais, lorsque nous y arrivons, de gros travaux sont en cours le long de la rivière et, franchement, ce n'est pas agréable...Enfin, dans les rues parallèles, c'est tout de même mieux.
Un peu d'histoire
Kangding a été la capitale de la province du Xikang de 1939 à 1945.
En 1905, alors que l'empire mandchou était dans son déclin, les frères Zhao Erfeng et Zhao Erxun, seigneurs de guerre chinois, se partagèrent la tâche de découper le Tibet en différentes régions administratives. L'Amdo et le Kham devinrent les provinces du Qinghai et du Xikang. D'abord « district administratif spécial », le Xikang devint officiellement une province en 1939. Jusqu'en 1950, sa capitale a été la ville de Kangding, et son gouverneur le seigneur de la guerre Liu Wenhui.
Dans la réalité, le contrôle chinois ne portait que sur le Kham oriental, les Tibétains contrôlant le Kham occidental (région de Qamdo), le fleuve Yangzi constituant alors la frontière de fait entre Chine et Tibet. Pendant cette période, la région contrôlée par Liu Wenhui devint un centre important de production d'opium.
En 1950, après la défaite du Kuomintang face au Parti communiste chinois dans la guerre civile chinoise, la province fut amputée du territoire de Qamdo, officialisant ainsi la situation antérieure, et sa capitale transférée à Ya'an. La province ainsi réduite disparut en 1955, lors de l'intégration du Kham oriental à la province du Sichuan ; quant au territoire de Qamdo, il fut rattaché en tant que préfecture de Qamdo à la région autonome du Tibet lors de sa création en 1965.
Visite des monastères
Quelques écoles du Bouddhisme Tibétain
Je vous recommande la lecture de cette étude sur le Bouddhisme.
Les différentes écoles citées ci-dessous se sont développées à partir du X ème et XI ème siècles.
Les Nyingmapa ou "les anciens"
Les Kagyüpa ou école relevant de la tradition orale
Les Sakyapa ou " ceux du monastère de Sa skya "
Les Gelukpa ou "les vertueux" dont il est souvent fait mention car les Dalaï Lama ou Panchen lama sont issus de cette école à tendance politico-religieuse.
Depuis le Zhilam Hostel où nous logeons, il est facile d'accéder aux deux temples situés au Sud de Kangding. J'espère ne pas me tromper dans leurs noms respectifs.
Temple Jingang
Malgré des travaux importants, nous pouvons entrer dans l'enceinte de ce temple de l'école "des Anciens" ou Nyingma, vieux de quatre siècles.
Les entrepreneurs chinois ferment rarement un site ou une route pour cause de travaux, au risque d'être dérangés dans leur travail ou bien même d'enfreindre des normes basiques de sécurité...
Ce sont les futurs logements des moines que l'on aperçoit à l'arrière plan de la photo ci-dessus.
Il est fréquent de voir des femmes travailler dans le domaine des travaux publics ou bien de la construction.
La Chine communiste a accordé une place à la femme dans la société bien différente de celle qu'elle avait auparavant.
Leur élégance féminine est tout de même remarquable...
Certaines parties du temple ont déjà été restaurées, mais nous ne pouvons pas y entrer.
Très jolie cette partie supérieure du bâtiment de forme hexagonale.
Nature morte....
Un stock de boiseries révèlant d'anciennes peintures et d'autres trésors.
Temple Nanwu
Il s'agirait du temple le plus actif de la région, selon le Lonely Planet. Au vu du nombre de logements dédiés aux moines, cela est vraisemblable. Il s'agit de l'école des Gelukpa, des bonnets jaunes.
Des moines dans une des galeries desservant les logements.
L'ensemble est tout à fait harmonieux et propre, ce qui n'est pas toujours le cas, cela doit dépendre du responsable de chaque monastère.
Petit intermède
Au retour, nous avons un peu de mal à retrouver le Zhilam Hostel, ce qui nous amène à découvrir ce vélo extraordinaire dans la cour d'une maison. Je vous laisse le soin d'en compter le nombre de passagers. Il ne doit pas être facile à manier...
La chanson d'amour de Kangding
Kangding est réputée dans toute la Chine et même au-delà, pour sa célébre chanson d'amour, dont la mélodie a été écrite il y a plusieurs siècles mais qui a été remaniée dans les années 1940.
La partition semble facile à déchiffrer si l'on est un tant soit peu musicien...
Voici la traduction d'une des strophes relevée sur le lien cité précédemment.
« Les chevaux galopent dans la montagne.
Au milieu des nuages,
La lune illumine la ville de Kang Ding.
Le fils des Zhang aime la fille des Li,
Car elle est belle et prend soin de son foyer ».
En 2010, Placido Domingo (citoyen d’honneur de Kang Ding) et Song Zu Yin 宋祖英, l’ont chantée, accompagnés au piano par le pianiste de Shanghai Lang Lang 郎朗.
Soirée danses
Tous les soirs, vers 19h, sur cette grande place de la ville de Kangding, toutes les générations se retrouvent pour danser. Un véritable spectacle !
Les jeunes apportent une certaine dynamique dans ces danses, c'est vraiment chouette.
Voici une petite vidéo faite par Jean-Yves qui donne une idée du mouvement et de la musique.
Soirée danses à kangding
Des danses sur des musiques folkloriques tibétaines.
Très agréable à entendre et à regarder.
De jolis vêtements colorés
Trop mignon !
Peu de touristes occidentaux à cette période de l'année, nous ne passons pas inaperçus.
Paomashan et son monastère
Vue de la ville et du temple Jingang en montant vers le temple Paoma.
Pour monter au monastère à pied, aucune indication, ce n'est pas très facile de trouver le début du sentier. En fait, beaucoup de personnes prennent le téléphérique.
Parfois, les difficultés ont du bon car elles permettent de voir combien les personnes croisées sont sympathiques et prêtes à nous rendre service. Dans ce cas particulier, il s'agissait d'une dame qui se rendait à son travail, habillée élégamment avec de petites chaussures, elle n'a pas hésité à nous conduire sur un sentier un peu chaotique pour nous indiquer le départ du sentier.
De nombreuses marches d'escaliers nous conduisent au temple.
Les moines s'activent un peu plus qu'habituellement, ils préparent une fête à laquelle se joindront des moines venant d'autres temples.
Ces décorations aux couleurs chatoyantes sont sorties pour l'occasion.
Très connecté...
Nous avons croisé un moine parlant bien l'anglais qui nous disait revenir des Etats-Unis.
La vie des moines de religion bouddhique nous interroge, elle semble si différente de celle des moines de religion catholique.
Jolie vue avec des sommets enneigés au loin.
Nous espérons monter encore, approcher le sommet de Paomashan dont l'altitude doit approcher les 4000 m, mais aucun sentier n'y mène au-delà du monastère. C'est bien un problème en Chine, pas de carte, peu de sentiers...
Jiulian Shan
Après notre petite sortie matinale au monastère de Paomashan, nous sommes prêts pour une autre balade en montagne derrière le Zhilam Hostel où nous logeons.
Malgré de bonnes explications sur l'itinéraire fournies par le Zhilam Hostel, nous nous égarons un peu en montant. mais pas de quoi s'affoler...
Jolie vue depuis le plateau. Balade bien agréable.
De retour au Zhilam Hostel, nous prenons un goûter bien réconfortant et échangeons avec Patru, le guide tibétain qui organise des treks en montagne. Il est très sympathique.
Les propositions de Patru sont vraiment intéressantes, mais du fait d'un accueil pas vraiment chaleureux la veille par une personne de la réception, nous avions décidé à ce moment là de faire un trek à Tagong.
Côté pratique
Logement
Zhilam Hostel est bien situé, un peu au-dessus de la ville de Kangding, tout en étant assez proche du centre ville.
Nous avions réservé de jolies chambres avec salle de bain privée, dans la partie ancienne de la maison. Très confortable.
Cet hôtel tenu par un couple d'américains fait l'unanimité dans les commentaires de ceux qui viennent y loger. Pour notre part, nous sommes probablement mal tombés le jour où nous arrivions car nous avons eu le sentiment de déranger la personne à l'accueil.
Malgré tout, je le recommande et j'y retournerais volontiers pour faire le trek allant vers le Minya Konka.
Transport
Nous faisons le voyage en avion entre Chengdu et Kangding, à l'origine pour gagner un peu de temps par rapport au voyage en autocar qui dure 7h environ par la route du Sud.
Le prix du billet était aussi assez intéressant 550 Rmb.
En fait, nous avons sûrement gagné 1 à 2h de sommeil, mais notre vol a du retard au départ de Chengdu et nous n'arrivons qu'en début d'après-midi à Kangding car il y a une bonne heure de trajet en autocar depuis l'aéroport jusqu'à Kangding.(43 km de route de montagne)
Attention à ce que le nom du passager noté sur le billet soit précisément le même que celui mentionné sur le passeport...cela peut éviter bien des soucis.
Si c'était à refaire, je ferais ce trajet en autocar.
Restaurant
Le restaurant tibétain conseillé par le Zhilam Hostel est très bien.
Le cadre est agréable, la cuisine très bonne et les jeunes sympathiques.
Il suffit d'aller sur la place où se trouve un yack en bronze et téléphoner au restaurant (je n'ai pas actuellement le n° de tél, je le mettrai à mon retour en Chine). Une personne vient vous chercher car le restaurant tout proche n'est pas facile à trouver.
Prochain rendez-vous
Petit trek sur de hauts plateaux tibétains dans la région de Tagong, dépaysement assuré.